La covid-19 précarise davantage les artistes
Les artistes sont les oubliés des décisions gouvernementales liées à la riposte à la pandémie de covid-19. Le monde de la culture ne bénéficie pas de mesures fortes pour résister à la crise économique du coronavirus. Aussi des voix s’élèvent pour demander une aide du gouvernement afin de compenser l’arrêt total des activités artistiques.
Le schéma aurait dû être contraire, en cette période de crise sanitaire. Alors qu’un palliatif a été proposé à une franche de la population dont les ressources ont été plombées par la pandémie de covid-19, les chanteurs, humoristes, cinéastes … n’ont eu droit à aucune faveur. Que ce soit du côté de leur ministère ou encore du Bureau gabonais des droits d’auteurs (BUGADA), le silence a été la chose la mieux partagée.
« Subissant les conséquences des mesures prises par le gouvernement, les hommes de culture que nous sommes, nous nous sentons frustrés du fait d’avoir été exclus de la liste des catégories de citoyens devant bénéficier des mesures d’accompagnement prévues par le gouvernement dans le cadre de cette pandémie », confie le cinéaste Melchy Obiang.
Et si plusieurs ont pu faire recours à ce qu’on peut qualifier de débrouillardise née de l’instinct de survie, la situation va de mal en pis du fait de l’annulation de spectacles, du maintien de la fermeture des discothèques et autres lieux de distraction nécessitant un rassemblement.

Les artistes sollicitent une aide du gouvernement. « Nous étouffons silencieusement, car nous sentant oubliés. Nous sollicitions du gouvernement une assistance financière pour accompagner les artistes cloués à la maison à cause de la covid-19 », poursuit-il.
Nécessité d’un nouveau statut de l’artiste ?
Si la précarité des artistes culturels gabonais a été accentuée par l’apparition de la covid-19, il faut dire que leur cri d’alarme ne date pas de ces six derniers mois. Depuis de nombreuses années, ils ne cessent de multiplier les appels à une prise en compte réelle de leur situation. Ils disent être dévalorisés et marginalisés avec une gestion approximative du BUGADA.

Du coté des autorités, les difficultés que vivent les artistes culturels sont bien connues. Seulement, le ministre de la Culture, Michel Menga M’Essonne affirme que cela découle d’un manque de cohésion au sein de la corporation.
« Depuis que je suis à la tête du département, je m’aperçois qu’il y a un problème, c’est celui de l’organisation des artistes eux-mêmes. L’Etat ne peut s’occuper des gens que lorsqu’ils sont organisés. L’Etat ne travaille pas avec l’informel », indique le ministre. Il insiste sur le fait que les artistes exercent dans l’informel, sans véritablement réunir les critères les plaçant au rang d’artistes. « Tant que vous êtes dans l’informel, l’Etat ne pourra intervenir ».
Pour le ministre, la protection de l’artiste gabonais passe par la définition d’un véritable statut juridique.
Les artistes offrent une identité culturelle reconnue depuis des décennies au-delà des frontières. A quel moment les autorités comptent offrir aux ambassadeurs de la culture gabonaise le statut indispensable pour de vivre de leur art ?